En prélude à la 14e édition du Festival Quatre-Chemins qui se déroule du 20 novembre au 2 décembre, Ticket vous propose de découvrir les membres fondateurs de Foudizè, la troupe invitée de cette année. Selon Johny, dont toute la vie tourne autour du théâtre, le festival est un grand carrefour de partage.
Publié le 2017-11-10 | Le Nouvelliste
Ticket Mag –
Au sein de Foudizè, en plus d’être l’un des membres fondateurs de la troupe, Johny. Il travaille avec les autres à la programmation de l’activité « Kont anba Tonèl ».
Pour lui, être choisi par le Festival Quatre-Chemins comme invité d’honneur, c’est le couronnement de leur persévérance. « C’est un appel à persévérer dans la voie qu’on a choisie. C’est le signe que notre place est en Haïti et pas ailleurs, en dépit des conditions difficiles dans lesquelles on évolue », déclare le comédien.
En dehors de la comédie, Johny est travailleur social. Il a étudié à la FASCH. En raison de sa sensibilité par rapport à la problématique du handicap, il travaille actuellement dans un projet baptisé « Teyat toupatou », qui fait le pont entre le handicap et la culture. « Tout ce que je fais tourne autour du théâtre et de la recherche dramatique ou y est lié », confie-t-il.
C’est sa grande sœur, Natacha Zéphirin, qui lui ouvre la voie du théâtre. À force de l’inviter à se produire dans des églises, il a eu le feu sacré pour cet art. Il intègre la Coscène, une compagnie dans laquelle il passe à pieds joints avec Nélio Joseph. Un peu plus tard, avec ce dernier et Chelson Ermoza, il va fonder Foudizè. Plus loin, ils feront appel à Billy Élucien qui évoluait comme acteur au sein du Petit conservatoire pour l’engager en tant que metteur en scène. En très peu de temps, Foudizè se fait une place de choix sur les scènes ou dans les activités d’envergure dont Ticket Max, Musique en folie…En 2017, ce sera la 4e participation de la troupe au festival.
« Quatre-Chemins, dit-il, c’est un carrefour qui attire à la fois des hommes de théâtre, des danseurs, des chanteurs, d’autres artistes contemporains de plusieurs horizons. Un carrefour de rencontre et de partage ». Cette année, la troupe devra présenter deux spectacles : Anatole, de Félix Morisseau Leroy, les 20 et 21 novembre au Centre d’art et La faute à la vie, de Maryse Condé, les 1er et 2 décembre à la Fokal. Le 30 novembre, la troupe animera une soirée de contes et de chants en rapport avec la maltraitance des enfants, à l’Institut français. Le 20, juste une heure avant leur premier spectacle, il invite le public à découvrir une représentation de Thézin, de la jeune non-voyante Cindy Pierre Louis, qu’il a formée. Ce sera le show de lancement du festival.
De tous les souvenirs au sein de Foudizè, Johny en garde deux comme étant les meilleurs. Premièrement, il se rappelle la première fois que la troupe a fait une représentation de « Gwo moso » de Maurice Sixto, en 2007, à Sainte-Rose de Lima, dans le cadre du Festival Quatre-Chemins. « À l’époque on venait de commencer. C’était un enjeu important pour nous. Mon cœur battait la chamade au moment de me présenter sur scène, sachant que le public est très averti. Il fallait convaincre », se rappelle-t-il. Il jouait le rôle d’un marchand de fresco. Selon lui, il notait avec intérêt qu’à partir de là, ses potes et lui ne pouvaient plus passer inaperçus dans la rue. En plus, les grands maîtres présents dans la salle les ont félicités pour leurs performances. Deuxièmement, la participation de la troupe au concours Ticket Max. « Le plaisir, dit-il, a été de s’essayer à un si grand concours de talents à l’époque ».
Le pire souvenir de Johny, c’est quand la troupe s’était rendue en 2006 bien loin dans une tournée dans les écoles et qu’aucun des mécènes n’avait répondu contrairement à ce qu’ils avaient promis en amont. « Il fallait, dit-il, continuer à tourner sans ressource parce que les élèves nous attendaient. On était quelque peu affaiblis mentalement mais il fallait aller jusqu’au bout ». Qui pis est, la presse n’a fait aucun cas de la tournée.
Au public, le comédien demande de venir supporter la troupe à leurs 3 rendez-vous dans le cadre du festival. Rien n’a changé dans leur jeu. Ce sera, selon lui, le même partage d’énergie.
Johny souhaite que Foudizè ait finalement un local pour remplir à bien sa mission. « C’est inadmissible pour une troupe qui sillonne les grands festivals, qui prend de grandes initiatives, d’être privée d’un local qui soit sienne, dit-il. Il faut un local pour les répétitions, les formations pour les jeunes et pour assurer les travaux de bureau ».

Chancy Victorin
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